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CELEBRATION

Galette de l'Elysée : des voeux face à une filière en crise

La traditionnelle cérémonie de la Galette de l'Elysée s'est tenue aujourd'hui jeudi 5 janvier dès 11h en présence du Président de la République Emmanuel Macron, de nombreux membres du gouvernement et de représentants du secteur de la boulangerie, dont le président de la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française (CNBPF) Dominique Anract. 
Jean-Yves Boullier, artisan boulanger installé dans le 15è arrondissement et véritable spécialiste des galettes de grande taille, avait été sollicité pour mettre au point les gourmandises qui ont été partagées à la suite des voeux adressés par le Président de la République.

Si Emmanuel Macron s'est tout d'abord attaché à féliciter l'ensemble de la filière blé-farine-pain pour l'inscription de la baguette (au travers des savoir-faire et cultures associés) au patrimoine immatériel de l'Unesco, il a également cité les vainqueurs des grands prix nationaux dans les disciplines imposées de la profession que sont la baguette, le croissant, la galette des Rois ou encore le pain au chocolat (ou chocolatine selon les régions). Les jeunes talents que sont les Meilleurs Jeunes Boulangers ou lauréats des Rabelais des Jeunes Talents, qui représentent l'avenir de la gastronomie française, n'ont pas été oubliés dans un discours dont l'objet était de défendre une identité française basée sur son terroir et son savoir-faire, lesquels sont entretenus depuis des siècles par des professionnels passionnés.

L'importance des métiers de bouche a été soulignée "vos métiers font vivre nos communes" a rappelé Emmanuel Macron, avec 400 000 commerces de proximité en France, sans lesquels les coeurs de ville seraient privés de chaleur humaine. Cela ne doit pas occulter les difficultés rencontrées par l'ensemble de ces entreprises, avec une forte inflation. Le chef de l'Etat a incité les artisans à répercuter les hausses subies sur leurs coûts de production, faute de quoi le risque d'un dépôt de bilan serait élevé. Quant au secteur de l'énergie, un exercice de pédagogie a été engagé pour détailler les raisons de la situation actuelle. Guerre, achats de gaz non coordonnés, marché de l'électricité européen "mal fichu" et dépendant du prix du gaz... autant de causes qui doivent aujourd'hui être corrigées pour rétablir un climat plus serein. Un parc nucléaire défaillant au niveau français a participé aux incertitudes. Emmanuel Macron a mis en avant le travail engagé depuis plusieurs mois en ce sens, avec un effort d'achat en commun au niveau européen et de contractualisation à long terme. Le marché de l'électricité devrait être réformé d'ici au second semestre 2023 afin qu'il soit reconnecté aux coûts de production réels.

600 000 Très Petites Entreprises (TPE), dont de nombreux artisans boulangers-pâtissiers, seraient affectés directement par les hausses majeures observées ces dernières semaines. 2 tiers d'entre elles ont du renégocier leurs contrats, parfois à des niveaux déraisonnables. Le chef de l'Etat a rappelé que 40% de l'augmentation seraient pris en charge par le cumul de l'amortisseur et du guichet, "une mesure efficace et proportionnée" selon lui, remettant en cause l'efficacité d'autres types de dispositifs proposés par des oppositions.
Pour tous ceux ayant signé des contrats au dessus du prix de 280 euros du mégawattheure (MWh), soit le prix de référence défini par la Commission de Régulation de l'Energie, les fournisseurs devront revenir vers eux pour normaliser la situation. Si cela représente un doublement par rapport au niveau de prix observé en 2021, Emmanuel Macron a appelé chaque professionnel a faire un effort, en plus de celui consenti par l'Etat avec les 40% de prise en charge.
Un numéro vert avait été mis en place afin d'accompagner les entrepreneurs face à leurs inquiétudes au sujet de l'énergie. Le locataire de l'Elysée a jugé le dispositif inefficace et, marquant un certain agacement face à la multiplication de telles plateformes téléphoniques, a indiqué que les préfectures participeraient à accompagner les TPE dans cette situation perturbée. La complexité des dispositifs et documents explicatifs a été reconnue par Emmanuel Macron, soucieux de témoigner de l'engagement de l'ensemble des services de l'Etat aux côtés des artisans. Un numéro par région sera mis en place "dès lundi". Il a également pourfendu les fournisseurs souhaitant profiter de la situation pour réaliser de "super-profits".

La thématique de l'apprentissage a achevé ce discours, avec l'engagement du maintien en 2023 des aides exceptionnelles pour l'embauche d'apprentis. Cette filière d'excellence, permettant aux jeunes de développer leurs compétences et d'accéder à des titres prestigieux, mérite un tel soutien pour perpétuer la transmission du savoir-faire. Cet "investissement" participe à résoudre le "chômage des jeunes" tout en répondant aux difficultés de recrutement en artisanat. Une réforme des lycées professionnels sera menée en 2023 pour passer plus de temps en entreprise, tout en modifiant le fonctionnement des établissements et en ajustant mieux les diplômes au marché de l'emploi.