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PROSPECTIVE

Notre assiette de 2030 s'imagine déjà aujourd'hui

Publié le 07/02/2023 |
© ISARA

Confrontés à l'accélération des bouleversements liés au changement climatique, les acteurs de l'alimentation transforment leurs pratiques et se tournent vers de nouveaux ingrédients pour imaginer l'assiette de 2030, qui préfigurera d'une capacité ou non à minimiser les émissions de gaz à effet de serre (GES). En effet, l'agriculture représentait en 2019 19 % des émissions de GES de la France, soit le 2ème poste d’émissions national.

Pour relever ce défi, les options sont nombreuses et des acteurs engagés naissent chaque jour pour accompagner les initiatives vertueuses. Cela nécessite une main d'oeuvre qualifiée et formée aux meilleures pratiques, comme c'est le cas pour les 5000 personnes formées à école d'ingénieurs agronomes ISARA depuis 1968. La structure valorise les réflexions de systèmes innovants pour permettre une alimentation saine, pérenne et respectueuse des ressources naturelles, notamment au travers de son incubateur Foodshaker by ISARA. 
60 projets ont été accompagnés depuis 2008, aboutissant à la création de 40 entreprises.

Des céréales durables

Ces start-ups contribuent à développer des solutions innovantes et néanmoins gourmandes. La boulangerie-pâtisserie est directement impactée par ces travaux, de par son rôle central dans l'alimentation et sa position de transformateur de produits céréaliers.
Lors du Sirha Lyon 2023, des exemples concrets de l'alimentation en 2030 ont été présentés : l’enseignant-chercheur Olivier Duchêne a notamment développé la thématique des céréales pérennes, et plus particulièrement du kernza. Peu exigeante en intrants, résistante au stress hydrique et capable de fournir aussi bien des grains que du fourrage sur plusieurs années sans être resemée, la plante offre des perspectives intéressantes comme complément des cultures traditionnelles. Si elle est amenée à demeurer une niche dans un premier temps, à l'image du quinoa, elle pourrait se développer au fur et à mesure de sa domestication et de l'amélioration des rendements. La brasserie Dullion est d'ores et déjà parvenue à produire une boisson fermentée à base de kernza, preuve du protentiel des grains.

Le végétal au coeur des repas

La start-up Solaine s'est également démarquée par son offre de produits français 100% végétaux, issus d’algues, de légumineuses, de légumes et de céréales. Elle est parvenue à réaliser des burgers végétaux en utilisant ses galettes parfumées et atypiques, qui peuvent trouver une place dans une offre de snacking. La force de l'entreprise est d'associer le caractère locavore et végétal des produits, répondant ainsi à des impératifs de durabilité et de cohérence de la démarche.

Une nouvelle ère en glacerie

Toujours dans la tendance "locavore", les glaces produites à la ferme ou avec des matières premières laitières locales se développent. L'exemple de la marque La Mémère, portée par l'ancien ministre du redressement productif Arnaud Montebourg et le fonds d'investissement japonais Nitchifutsu Food Studio, prouve le potentiel commercial d'une telle offre. Guillaume Rimaud s'inscrit dans la même logique en fabricant des glaces à partir de lait de la ferme de ses parents, sous la marque La Crème des Glaces. En Ile-de-France, c'est la start-up Bon Dimanche qui se positionne sur ce marché naissant avec une micro-laiterie située à Saint-Nom-la-Bretèche, dans les Yvelines (78).

Ces initiatives transformant des produits locaux, végétaux, issus de filières vertueuses, esquissent le futur de l'alimentation pour une assiette toujours plus responsable d'ici à 2030... sans jamais négliger le plaisir et la gourmandise.