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AGRICULTURE

Céréales : crainte d'un effet ciseau pour les producteurs

Publié le 14/09/2022 |

Des coûts de production en explosion, avec en parallèle une baisse des cours du blé... un scénario redouté par de nombreux acteurs de la filière céréalière, qui pourrait se concrétiser à l'horizon 2023. Intercéréales, par la voix de sa porte-parole Céline Imart, nous avait avertis de ce risque lors de la préparation de notre édition de septembre « Si les cours baissaient soudainement sous l’effet d’une évolution de la situation géopolitique, nos agriculteurs seraient dans une situation extrêmement tendue ». Une inquiétude partagée par l’AGPB (Association générale des producteurs de blé), qui observe le même phénomène.

La situation s'est en effet détendue sur le front de la disponibilité en grains : en plus des récoltes de l'hémisphère nord, la reprise des exportations par la mer Noire a contribué a apaiser un marché grandement perturbé. La Russie annonce, de plus, un niveau historique de récolte en blé. Ainsi, le prix proposé actuellement aux exploitants se situe en dessous des 300 euros la tonne, soit bien loin des pics observés au dessus de 400 euros au début de l'été. Cela constitue une forme de rattrapage pour des années où leur travail se trouvait bien moins valorisé : si l'AGPB avance un revenu moyen en 2021 (avant impôt et après cotisations sociales) proche des 50 000 € annuels en moyenne pour ses membres, la période 2013-2020 n'avait offert que 6000€/an pour un travail similaire.
L'accalmie n'aura été que de courte durée, puisque les intrants ont vu leur prix exploser en raison du conflit ukrainien : azote, phosphore et potasse sont devenus des produits très prisés, avec la crainte de pénurie d'offre sur ce marché des fertilisants, du fait de la rareté du gaz, indispensable à leur fabrication. Un rationnement a déjà été mis en place, ce qui pourra avoir des impacts sur les cultures dans les mois à venir, réduisant la qualité et la quantité des récoltes 2023.

Agritel estime que le coût moyen de production d'une tonne de blé pourrait atteindre 241€/t en 2023, contre 161€/t en 2021. L'effet ciseau redouté est donc proche, même si le blé européen s'avère particulièrement attractif sur les marchés extérieurs du fait de la faiblesse actuelle de l'euro. Une situation à observer dans les mois à venir, car cette dernière pourrait avoir des conséquences sur la souveraineté alimentaire de la France, déjà fragile.