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AGRICULTURE

Sécheresse : une nouvelle source d'inquiétude pour le blé

Publié le 12/05/2022 |

Les crises géopolitiques qui secouent le monde semblent parfois bien éloignées de la réalité du terrain français. Pourtant, malgré leur capacité à produire et fournir de grandes quantités de céréales, nos territoires sont également exposés à des situations préoccupantes, liées à des aléas météorologiques.
Ainsi, le manque de précipitations qui touche près de 15 département français, lesquels ont été placés en vigilance sécheresse afin d'imposer des restrictions et de préserver la ressource hydrique, inquiète les agriculteurs et leurs représentants : les rendements risquent d'être affectés par cette situation, qualifiée par Météo-France d'« épisode de chaleur » qui, sans être inédit, est « remarquable par sa précocité, sa durabilité et son étendue géographique ».
Il touche en effet des régions telles que l'Occitanie ou la Provence et la vallée du Rhône... mais également le nord de la Loire. La Beauce ou la Bourgogne sont scrutées avec attention, de par leur caractère céréalier.

La période est délicate pour les céréales : le blé a atteint sa taille adulte, l’épi s’est développé et le grossissement du grain s'opère à présent. L'ensemble des cultures dites d'"hiver" est concerné, à l'image de l'orge. Si l'eau n'est pas présente en quantité suffisante, l'engrais dont a besoin la plante pour produire un grain de qualité ne pourra monter dans la tige. Il faut alors s'attendre à observer des grains flétris et des pertes de rendement allant jusqu'à 40% si le temps reste sec pendant plusieurs semaines.
Certains agriculteurs, comme dans le Puy-de-Dôme, ont commencé à arroser leur blé : il est à craindre que seuls ceux en capacité d'irriguer leurs cultures puissent obtenir des récoltes acceptables, laissant sur le carreau de nombreuses exploitations alors que les sols se craquèlent inexorablement. En France, seules 5 % des surfaces agricoles sont irriguées, soit près de 1,4 million d’hectares.

Pour accompagner le monde agricole, le gouvernement a ouvert en avril un guichet d'aides, initialement doté de 20 millions d'euros. Il a été renforcé de la même somme en début de semaine. Les agences de l'eau pourraient également participer à cet effort collectif en mettant 100 millions d’euros supplémentaires sur la table d'ici à l'été, afin d'aider les filières agricoles à s’adapter ou créer des retenues d’eau.
Le spectre d'une nouvelle augmentation des prix, liée à cette situation climatique, peut déjà être observé. Elle contribuerait à fragiliser une filière artisanale déjà éprouvée par la succession des crises observée ces deux dernières années.