CONSOMMATION
Faire de la boulangerie une ambassadrice d'un "Made in France" accessible
Les Français aimeraient consommer des produits fabriqués près de chez eux... mais s'en privent en raison de l'inflation. Ce sont les enseignements d'une étude menée par OpinionWay pour la Chambre de Commerce et d’Industrie, à l'occasion du salon MIFExpo "Le salon du Made In France", organisé du 9 au 12 novembre à Paris Expo - Porte de Versailles (75). En effet, 89% des Français aimeraient développer leurs achats de références produites dans l'Hexagone... sans être en capacité de le faire, principalement pour des raisons tarifaires : 60% des personnes interrogées déclarent ainsi avoir renoncé au Made in France. La tendance est particulièrement forte chez les 18-24 ans, dont le pouvoir d'achat est plus faible, et porte notamment sur les produits alimentaires dont les tarifs ont été les plus impactés par les hausses liées à la crise énergétique ou au conflit ukrainien.
Dès lors, dans les nouveaux arbitrages que mettent en oeuvre les consommateurs, l'origine ou le goût des produits peuvent passer au second plan. Un constat qui tranche nettement avec l'engouement porté aux circuits-courts et aux producteurs locaux pendant et suite à la crise sanitaire. Fin du monde (puisque consommer local induit souvent un plus faible impact écologique, même si l'affirmation doit être tempérée en fonction de nombreux facteurs) ou fin du mois, les consommateurs auraient donc tranché : l'essentiel serait donc de préserver le pouvoir d'achat, quitte à abandonner des filières devant pourtant être soutenues. C'est autant le cas de la production industrielle que du secteur agricole, dont la plus faible compétitivité sur le territoire français se confronte à une concurrence étrangère à bas coût... avec le risque d'une perte supplémentaire de souveraineté alimentaire à moyen terme.
Plus que jamais, les artisans boulangers-pâtissiers ont un rôle à jouer pour rendre le "made in France" accessible à tous. Ils le font déjà au travers de leurs pains, majoritairement issus de blés français et inscrits dans des filières locales. Cette logique doit également s'appliquer aux (nombreuses) autres références transformées aujourd'hui au sein des fournils et laboratoires : fruits, légumes, viandes, matières premières laitières (dont le beurre)... si la tentation de se tourner vers des produits d'entrée de gamme, pouvant être importés, est forte dans un contexte de tension dans l'exploitation des entreprises, l'éthique et la participation à la survie d'un écosystème de producteurs sont autant de vecteurs de préférence côté client, mais aussi au sein des équipes : cela donne plus de sens au métier et doit faire l'objet d'une communication adaptée sur l'origine des matières premières. Cette dernière pourrait d'ailleurs bien finir être imposée par le législateur, comme c'est d'ores et déjà le cas pour la provenance des viandes, dont l'étiquetage est obligatoire pour le porc, l'agneau ou la volaille, en vertu d'un décret du 26 janvier 2022, lequel vient compléter le dispositif jusqu'alors en place pour la viande de boeuf. En misant sur des produits aux recettes simples, tout en rationalisant les gammes, le boulanger peut préserver ses marges et miser sur des approvisionnements choisis... tout en participant à donner une image positive du savoir-faire français.