L'actualité de votre univers professionnel

ECO RESPONSABILITE

Chocolat et emballages, un couple en questions

Publié le 21/12/2022 |

Véritable star des fêtes de fin d'année, le chocolat est souvent associé à des produits bien moins délicieux et comestibles : les emballages. Pour les professionnels du cacao, ce sujet est aussi complexe que stratégique : en fonction de leurs choix de boitages, les espaces dédiés au stockage de ces éléments peuvent devenir conséquents, d'autant plus que nombre d'entre eux sont livrés montés et non à plat, induisant une importante perte de place. Au delà de cette considération, c'est aujourd'hui la question écologique qui se place au centre des débats et remet en cause l'utilisation massive d'emballages à usage unique.

Dans une vidéo au titre aguicheur "Faut-il arrêter d'acheter des boites de chocolat ?", publiée par le journal Le Parisien, le Meilleur Ouvrier de France Jean-Paul Hévin annonce que l'emballage représente 10% du prix d'une boite de chocolats. Dès lors, il serait plus économique et écologique de s'en passer... mais la question n'est pas aussi simple à trancher. De par sa composition riche en matières grasses, le chocolat est naturellement un "aspirateur" à goûts et odeurs : il doit donc être entreposé dans un espace neutre et protégé de toute source de transfert de saveur potentielle. C'est ce qui incite de nombreux chocolatiers à suremballer une bonne part de leurs produits, qu'il s'agisse de tablettes ou de gourmandises individuelles.
Le sujet doit également être abordé du point de vue du client : dans de nombreux cas, le chocolat est un produit à offrir, ce qui implique certains codes et usages : malgré le caractère écologique d'un achat en vrac, sans emballage personnalisé, la pratique est bien difficile à défendre au moment de remettre le présent de par l'aspect visuel moins attrayant et l'absence de mention sur la provenance du produit. En effet, au delà du goût du chocolat, les consommateurs sont également sensibles aux marques et aux signes extérieurs de qualité. 

Une disposition de la loi Anti-Gaspillage pour une Economie Circulaire (AGEC) a instauré la possibilité pour chaque consommateur, depuis le 1er janvier 2021, d'apporter un contenant réutilisable dans les commerces de vente au détail. Dès lors, il peut exiger de son artisan de lui remettre ses chocolats dans une boite de son choix. La pratique pourrait être encouragée par le développement d'emballages réutilisables dédiés au transport du chocolat, personnalisés aux couleurs de l'entreprise et proposés lors de la vente, ce qui aurait pour effet à moyen terme de réduire la quantité de supports à usage unique.
Cela incite également à adopter une approche différente de la consommation de chocolat, plus nomade et décomplexée, avec des produits de "snacking" et non plus de dégustation qui se prêtent mieux à la distribution en vrac. Un dispositif mis en oeuvre au sein de la Pâtisserie Intense à Tournon-sur-Rhône (07), où les gourmandises chocolatées et confiseries sont présentées dans des bocaux. Les clients peuvent ensuite se servir à l'aide de pinces et placer les produits dans des boites réutilisables (vendues en supplément) ou des sachets en papier. Cela rend le fonctionnement ludique et appréciable pour le consommateur, qui peut faire son choix très librement. 

Même idée pour les tablettes au sein de l'épicerie Renée, installée à Saint-Ouen-sur-Seine (93), où un véritable "meuble à tablettes" a été créé afin de proposer les nombreuses références que distribue ce commerce dédié à la consommation en vrac. Le client peut ainsi disposer plusieurs tablettes dans un même sac ou un contenant réutilisable de son choix.

En associant qualité de produit, respect des ressources naturelles ainsi que des modes de distribution et de consommation plus ludiques, la chocolaterie pourrait ainsi relever le défi de réduire son empreinte environnementale... pour toujours mieux satisfaire l'appétit de sens des amateurs de sensations cacaotées.