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SANTÉ

3 meuniers s'engagent contre l'Asthme du boulanger

Publié le 06/06/2022 |

Pas de bonne santé sans un système respiratoire sain et performant : l'affirmation est vraie pour l'ensemble de la population, y compris les professionnels les plus exposés aux poussières et autres projections, qui peuvent provoquer le développement de maladies chroniques telles que l'asthme. 

Fait méconnu mais pourtant inquiétant, l'asthme du Boulanger arrive largement en tête des asthmes professionnels en France. Ce phénomène, documenté dès le 18è siècle, a un impact non négligeable sur la disponibilité des rares ressources en production : certains artisans n’ont pas d’autres choix que de se réorienter suite à la déclaration d’une maladie professionnelle.

Le LEMPA, Laboratoire National de la Boulangerie-Pâtisserie, s’attèle depuis les années 2000 à analyser ce problème et à développer des solutions pour améliorer la qualité de l'environnement de travail des boulangers. Une première phase de recherche s'est concentrée sur matériel, en lien avec les équipementiers et un dispositif d'aides financières de l’assurance maladie pour encourager l'investissement. Des campagnes d’information sur les risques professionnels et de sensibilisation des jeunes boulangers ont également vu le jour.

A présent, la structure s'intéresse au sujet des farines en évaluant la pulvérulence des farines, et plus particulièrement celles dites "de fleurage", dont l'usage implique par essence des suspensions de particules.
3 meuniers partenaires du LEMPA -les Moulins Céard, Foricher et Rioux- s'engagent dans la phase de recherche finale et contribuent à développer des farines de fleurage de nouvelle génération, de façon entièrement naturelle grâce à une adaptation du processus de mouture.
Ces nouvelles références à faible Indice de Pulvérulence (IP) concrétisent une démarche innovante et progressiste, comme le souligne Pierre-Tristan Fleury, directeur du LEMPA « Aucune meunerie n’avait, jusqu’alors pris en compte l’étude de la volatilité et de la mise en suspension des farines (…) Toutes les farines ne génèrent pas la même pulvérulence et la simple mesure granulométrique de la farine ne permet pas d’en traduire avec précision l’intensité ». Elles ne dépassent pas l’indice de référence de 7, là où les farines commerciales peuvent atteindre des indices de l’ordre de 15 à 30.

En parallèle, le législateur travaille également sur le sujet : une Valeur Limite d’Exposition Professionnelle (VLEP) est inscrite au code du travail (article R. 4222-10) depuis 2008 et un décret de 2021 est venu l’étoffer (décret n°2021-1763) ; visant à baisser le seuil à ne pas dépasser « dans les locaux à pollutions non spécifiques ». Une commission technique, constituée à la demande du Ministère du Travail de l’Emploi et de l’Insertion, est en charge de recenser « des moyens techniques à mettre en place par les employeurs pour assurer le respect des nouvelles concentrations et, d’autre part, à la réévaluation de celles-ci ». Elle rendra ses travaux d’ici janvier 2023.
Les meuniers impliqués aux côtés du LEMPA démontrent ainsi leur capacité à répondre aux enjeux de société, tout en devançant les prochaines évolutions réglementaires, avec une solution alternative à un changement d’autres équipements.