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FETE DU PAIN

S'ouvrir au monde et à ses clients, un enjeu de survie pour la boulangerie

Comment vouloir fêter le pain alors qu'une partie de la boulangerie artisanale française est menacée de disparition ? Pourtant, les traditions calendaires sont immuables : seule la pandémie de Covid-19 et les confinements successifs étaient parvenus à éteindre temporairement la ferveur autour de la Saint-Honoré, patron des boulangers, célébré chaque année le 16 mai.
Cette année, la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie (CNBPF) a fixé un thème sonnant comme un véritable mot d'ordre : la boulangerie ouvre ses portes, du 13 au 21 mai 2023. L'ouverture serait-elle la clé de la survie du métier ? Les évènements portent à le croire : sensibiliser le grand public à l'importance et à la singularité de ce métier millénaire répond à plusieurs de ses enjeux, aussi bien actuels que futurs.

Remercier et transmettre

Plus qu'une célébration, la Fête du Pain est une mobilisation : elle rassemble les artisans boulangers et les incite à montrer leur savoir-faire, en dépassant le schéma "bonjour-une baguette-au revoir" du quotidien. "Face aux difficultés, nous avons décidé d’ouvrir notre porte et notre cœur à nos clients. Généralement la durée de passage chez nous est très courte, on prend sa baguette et on s’en va. Là, nous voulons que nos clients prennent le temps de nous connaître." détaille Dominique Anract, président de la CNBPF.
Il s'agit non seulement de remercier les clients pour leur fidélité malgré les crises traversées, dont celle du Covid-19 où les boulangers sont demeurés parmi les seuls commerces ouverts, mais aussi d'expliquer la réalité d'un métier aussi complexe que sensible, où chaque geste et attention comptent beaucoup. "Nous avons envie de montrer à nos 12 millions de consomma- teurs quotidiens comment une boulangerie fonctionne. Certains vont accueillir les clients dans leurs labos, d’autres prendront un peu de temps pour leur expliquer la fermentation, le façonnage, notre métier et ce beau mot qu’est la transmission.". A travers cette découverte, c'est la possibilité de susciter des vocations qui se dessine, pour répondre aux importants besoins de main d'oeuvre de la filière. "Aujourd’hui, nos jeunes sont extrêmement bien formés. L’année dernière, nous avons eu pas moins de 29 000 apprentis. Malgré cela, nous avons 21000 postes à pourvoir, ce qui est important, mais pas dramatique."

Remettre la boulangerie au centre du village

Rencontrer n'est pas toujours synonyme de comprendre. Pour franchir ce cap, les artisans boulangers ne devront pas faire que transmettre mais également écouter. Ecouter les nouvelles attentes des consommateurs, écouter les pistes de progrès et de transformation... un effort qui dépasse bien les 9 jours de la Fête du Pain : c'est une démarche de long terme, qui pourra participer à "remettre la boulangerie au centre du village". Dans le prolongement du souhait exprimé par Dominique Anract, les artisans devront ouvrir leur coeur... mais aussi s'ouvrir plus largement à leur environnement commercial, pour mieux participer à la vie de leurs communes. Si les Français souhaitent à 80% trouver une boulangerie dans les centre-ville (source 7ème baromètre du centre-ville et des commerces, Institut CSA, 2022), de nouvelles mutations de son format et de son offre sont inévitables. Au risque, à moyen terme de ne plus être en capacité d'ouvrir.