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APPRENTISSAGE

Prime unifiée de 6000 euros, une fausse bonne nouvelle ?

6000 euros d'aide sur la première année pour tout contrat signé avec un apprenti majeur ou mineur, du 1er janvier au 31 décembre : la mesure annoncée par le ministre du travail Olivier Dussopt pourrait sembler positive et s'inscrire dans le prolongement des aides octroyées en 2022 pour soutenir l'apprentissage.
La réalité est cependant bien plus contrastée, voire dévaforable pour la filière artisanale : cette aide unifiée est un retour en arrière pour ces petites entreprises, qui bénéficiaient d'un dispositif plus avantageux avant la période de crise sanitaire. 

Les entreprises de moins de 250 salariés faisaient l'objet d'un accompagnement ciblé sur trois ans, avec 4125 € versés la première année, 2000 la deuxième et 1200 la troisième. Non seulement le manque à gagner s'élève à 125€ pour un contrat de deux ans, voire de 1325€ pour trois ans, mais le message est particulièrement négatif sur la durée de l'engagement : les formats courts risquent ainsi d'être privilégiés, alors même que des métiers tels que ceux de boulanger, pâtissier ou chocolatier nécessitent plusieurs années d'apprentissage avant d'être pleinement opérationnel. Une durée pendant laquelle les entreprises d'accueil ont un rôle central à jouer. 
Joël Fourny, président de CMA France, insiste sur les efforts néfastes d'une telle mesure "En clair, la nouvelle prime unifiée vient réduire l’aide attribuée à certaines entreprises artisanales. Il s’agit là d’une véritable régression, alors que de nombreux métiers sont en tension et peinent à recruter, dans un contexte ou une grande partie de nos entreprises sont déjà fragilisées par la crise. Cette différence s’amplifie encore pour les entreprises qui font le choix d’embaucher un majeur. C’est une fausse bonne nouvelle pour nos entreprises qui forment pourtant 1 apprenti sur 4". En effet, les apprentis majeurs représentent désormais une part non négligeable des apprenants, du fait des nombreuses réorientations professionnelles observées ces dernières années. Ces profils, souvent très qualitatifs et dotés d'un véritable projet sur le long terme, présentent un coût supérieur pour les entreprises, qui doivent alors être accompagnées pour donner leur chance à ces individus sans engendrer un effort financier trop important pour des structures souvent fragiles.

Dès lors, le réseau des CMA, par le biais d'une délibération adoptée lors de l'assemblée générale de la structure, demande au gouvernement de rétablir, pour les entreprises de moins de 250 salariés, les montants prévus par l’aide unique pour la deuxième et la troisième année, d’une part et d’autre part, de garantir la pérennité de cette aide au-delà de l’année 2023. En agissant de cette manière, les pouvoirs publics soutiendraient un outil éprouvé d'intégration des jeunes dans l'emploi, assurant la préservation du savoir-faire artisanal tout en répondant aux problématiques de chômage et de tension sur les recrutements.