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CONJONCTURE

La mobilisation s'intensifie autour de l'énergie

Alors que les annonces de fermeture de boulangeries se font plus nombreuses chaque semaine en raison de factures d'énergie intenables, suite à une multiplication par 4, 6, ou même 10, de la somme demandée par les fournisseurs, la mobilisation s'intensifie partout dans l'hexagone pour imposer de nouvelles mesures d'aide et une meilleure régulation des tarifs pratiqués par les énergéticiens.

Sur l'antenne d'Europe 1 ce mardi 3 janvier 2022, Paul Boivin, délégué général de la Fédération des Entreprises de Boulangerie (FEB), avertissait sur le "grand danger" qu'encourait "l'ensemble de la filière", peu importe la taille des entreprises mais également le niveau dans la chaine de transformation. Ainsi, les meuniers sont également frappés de plein fouet par cette crise, à la fois par l'augmentation de leurs coûts de production et les défaillances de leurs clients, remettant en cause la pérennité de leur activité.

Si la boulangerie est largement touchée par cette situation inédite, elle impacte en réalité de nombreuses activités artisanales, à l'image des bouchers dont l'activité se révèle également énergivore de par la nécessité de disposer de nombreux équipements de froid. Le boulanger Julien Pedussel, installé à Rieux dans l'Oise (60), n'a pas eu de difficultés pour fédérer autour de lui de nombreux acteurs du tissu économique local afin d'organiser une "opération coup de poing" ce lundi 2 janvier à Villers-Saint-Paul. Morgan Isaac, président des artisans de l’Oise, accompagnés d'élus, était présent sur le terrain pour soutenir le professionnel, dont les factures ont augmenté de 10 000€ par mois.
Au delà de cette manifestation locale, la date du 23 janvier a été choisie pour organiser un événement national à Paris, regroupant de multiples corporations au travers des réseaux sociaux, où de nouveaux groupement d'artisans sont particulièrement actifs. Une situation qui témoigne de la difficulté pour les instances représentatives traditionnelles de fédérer largement les artisans, de par des contraintes d'ordre politique et une forme de retenue qui n'est pas du goût de boulangers pris à la gorge et risquant de perdre le fruit d'une vie de travail.

Face à l'ampleur du mécontentement, les positions du gouvernement évoluent et l'attachement au seul amortisseur ainsi qu'au guichet d'aide au paiement des factures s'effrite progressivement. La Première Ministre Elisabeth Borne a ainsi annoncé dans la matinée sur l'antenne de France Info que "les PME, et en particulier les boulangeries, auront la possibilité de demander un report de paiement de leurs impôts et de leurs cotisations sociales" afin de soulager leur trésorerie. Un sursis qui pourrait s'avérer insuffisant, compte tenu du manque de perspectives d'amélioration sur le front ukrainien, dont le conflit est à la génèse de ces hausses brutales en raison de l'indexation du prix de l'électricité sur ceux du gaz. 
De son côté, le Ministre de l'Economie et des Finances Bruno le Maire a mis en garde les fournisseurs d'énergie qui "n’aident pas suffisamment les boulangers et les PME". Deux d'entre eux ont été identifiés comme ne respectant pas les engagements pris fans une charte signée en octobre par les énergéticiens. Ils s'exposent à la perspective de voir leur nom divulgué et de voir les prélèvements réalisés par l'Etat augmenter en l'absence d'action.

A l'issue d'une réunion avec les fournisseurs d'énergie, il a été également annoncé que les boulangers en difficulté financière pourraient résilier les contrats dont les montants ont explosé de manière "prohibitive et insupportable". Un dispositif placé en dehors du droit commun et qui fera l'objet d'une étude au cas par cas. Cette même résiliation sans frais deviendra également possible pour les artisans souhaitant renégocier un contrat plus avantageux auprès d’un autre fournisseur. Les factures devront également faire apparaître, dès l'échéance de janvier, qui sera délivrée courant février, le bénéfice de l’amortisseur. Les énergéticiens se sont également engagés à proposer des facilités de paiements aux PME et TPE.
De nouvelles annonces qui risquent de se heurter à l'incompréhension de la filière, dont de nombreux acteurs militent à présent pour un abandon du système d'indexation des prix de l'électricité sur ceux du gaz, à l'image de la mesure adoptée en Espagne ou au Portugal.