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Formation professionnelle : la boulangerie à nouveau sacrifiée

Publié le 08/05/2023 |

Les formations en boulangerie-pâtisserie, c'est (presque) déjà fini pour 2023. Après les difficultés rencontrées par les boulangeries elles-même, c'est un autre secteur essentiel de la filière qui est affecté par des problématiques économiques : la formation professionnelle des entreprises de proximité a été sacrifiée par l'Etat, par le biais de l’institution France Compétences. Cette dernière devait verser 166 millions d’euros à l’opérateur de compétences des entreprises de proximité (OPCO EP) pour 2022. Un montant raboté à 123 millions d'euros sans information préalable : l'organisme n'a été notifié que le 14 avril 2023, alors même que son exercice de l'an passé était cloturé. 

Ce changement affectent les comptes de l'OPCO, qui affiche de fait un résultat net négatif sur 2022. La situation est due à un changement dans la répartition des fonds entre les 11 organismes de formation professionnelle : à présent, le calcul est réalisé sur la base du nombre d'Equivalents Temps Plein (ETP) et non plus du nombre de salariés. Cela a des répercussions importantes sur l'OPCO EP car il englobe également les salariés de la branche des particuliers employeurs (avec des services tels que le ménage à domicile) : compte tenu de la forte proportion de contrat à temps partiel sur ces activités, le nombre d'ETP total fond pour atteindre 2,2 millions, contre 3 précédemment. Dès lors, l'enveloppe est réduite.

Des conséquences immédiates en boulangerie-pâtisserie

Laurent Munerot, président de la Confédération nationale de l’artisanat des métiers et des services (CNAMS), et vice-président de l’Union des entreprises de proximité (U2P), détaillait au journal Le Monde les conséquences de cette modification non-anticipée « Des professions comme la boulangerie-pâtisserie ne pourront globalement plus envoyer leurs salariés en formation à partir de juin. D’autres métiers pourront être impactés ». Au total, ce sont 53 branches qui seront potentiellement impactées, et ce dès cette année.

Pour un secteur tel que la boulangerie-pâtisserie, les conséquences pourraient être désastreuses à moyen terme : non seulement les organismes de formation auront plus de difficultés à remplir leurs modules, ce qui pourrait générer des défaillances d'entreprises, mais cela renforcera encore les difficultés rencontrées par les artisans pour recruter et fidéliter du personnel compétent. Une situation qui pourrait renforcer le sentiment d'abandon au sein de nombreuses structures impactées par la conjoncture.