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CONJONCTURE

Comment le conflit ukrainien pourrait influer sur la farine

Publié le 16/02/2022 |

Dans une économie de marché où les cours des matières premières sont définis au niveau mondial, une situation sur un marché local peut avoir des impacts globaux. Cela se vérifie d'autant plus quand un acteur majeur d'une filière est impliqué, comme c'est le cas aujourd'hui dans les tensions opposant la Russie à l'Ukraine.
En effet, sous l'impulsion de Vladimir Poutine, le pays a engagé un programme visant à se reclasser parmi les grandes puissances mondiales dans des secteurs stratégiques tels que l'énergie ou le militaire... mais également l'agriculture.
Les résultats parlent d'eux mêmes : en 2020, la production de blé russe dépassait 80 millions de tonnes et les 35 millions de tonnes vendues à l'international comptaient pour 21% des flux mondiaux. La Russie est désormais le plus important exportateur au monde... alors qu'elle ne vendait pas un seul grain à l'étranger 20 ans plus tôt. Un résultat obtenu grâce à un allié improbable : le changement climatique. En effet, les épisodes de gel en mars sont de moins en moins nombreux, ce qui permet de cultiver plus de blé d'hiver, aux rendements généreux en opposition au blé de printemps. 

Dès lors, le pouvoir politique peut utiliser cette position pour peser dans les négociations, en menaçant de rompre les approvisionnements pour des parties du globe, les condamnant à la faim et à une période d'instabilité. Encore aujourd'hui, la disponibilité du blé à des prix abordables demeure la clé d'une forme de stabilité politique et sociale, comptant pour près d'un quart de la ration calorique des humains.

Couper le robinet à grain pourrait avoir des conséquences directes sur les cours de la céréale, et donc des prix de farine, lesquels ont déjà atteint des niveaux très élevés à la suite des aléas rencontrés ces derniers mois dans plusieurs régions du globe. Une perspective inquiétante et néanmoins possible au vu de l'escalade observée les jours passés... ce qui contribuerait à fragiliser encore une filière malmenée.