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Après la boulangerie de quartier, la boulangerie "urbaine" ?

Publié le 06/06/2022 |
© Benjamin Monteverdi

Les mots ont tous une importance : ils expriment les pensées et la vision de ceux qui les emploient. Au fil du temps, certains d'entre eux viennent enrichir les champs lexicaux d'univers et de métiers où on ne les connaissait pas ou peu jusqu'alors.
On a longtemps décrit les boulangeries par des appellations traditionnelles : artisan boulanger, maître boulanger, ... avant que l'évolution de la société, des modes de consommations et l'arrivée de nouveaux profils appelle un renouvellement du genre. Dans un secteur fait de traditions séculaires, le marketing s'est invité et a poussé les entrepreneurs à affirmer leur positionnement pour se démarquer nettement de leur concurrence.

Nous avons ainsi vu apparaître les boulangeries "de quartier", à l'image de l'enseigne parisienne Mamiche ou de Pain Pan à Marseille. L'adjectif pourrait paraître naturel tant le commerce était naturellement inscrit dans la vie quotidienne de son secteur, créant du lien social et partageant avec sa clientèle des liens forts. Pourtant, ces derniers se sont délités sous le coup d'une volatilité croissante de la consommation et de l'apparition de nouvelles formes de concurrence, aux emplacements pratiques et aux pratiques commerciales agressives. Réaffirmer cet attachement au quartier, à la proximité, sonnait presque comme un acte de rebellion face à une boulangerie tantôt luxueuse, tantôt centrée sur une logique purement mercantile. Le succès des entreprises ayant affiché ce positionnement témoigne de sa pertinence, mais aussi de leur capacité à l'associer à une offre en phase avec cette image : accessible, gourmande, riche en savoir-faire et bien sûr faite maison à partir de matières premières sélectionnées, souvent locales ou issues de filières vertueuses.

Au 11 rue Sedaine, à quelques pas de la Bastille (Paris 11è), Frappe affirme quant à elle son attachement à... l'urbain. Cette "boulangerie urbaine", fraichement créée par Thomas Sarfati et Solen Le Squer veut rendre le commerce de proximité plus agréable, en apportant qualité et chaleur dans un environnement parfois hostile comme peut l'être celui d'une ville telle que Paris. Au delà d'une portée marketing -qui est indéniable-, cet engagement résonne de façon particulière à une époque où la prise de conscience de l'urgence de la préservation du cadre de vie, y compris dans les grandes métropoles. L'enjeu est en effet aussi fort dans les campagnes qu'au coeur des villes... ce qui pourrait laisser présager d'autres lieux se rattachant à cette mouvance naissante, comme cela a été le cas pour l'agriculture "urbaine".