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Rose-Marie Lefetey

« Ma vie de boulangère… »

Publié le 03/03/2020

Si aujourd’hui, de nombreuses boulangères ne sont plus seulement la femme du boulanger, c’est en partie grâce à Rose-Marie Lefetey ! Devenue boulangère par amour, elle s’est battue pour que les femmes de boulanger obtiennent une reconnaissance officielle et des formations à leur métier. Un dévouement quotidien qui n’a pas toujours été rose…

Née en 1936, Rose-Marie connaît une enfance difficile. Sa jeunesse est marquée par un viol. Mais cette jeune fille a soif d’apprendre et d’entreprendre tous les métiers. Prédestinée à être couturière, elle rencontre Georges Lefetey, jeune boulanger. À partir de là, sa vie bascule et elle brûle les étapes. En 1961, à 25 ans, elle ouvre avec son mari sa première boulangerie, à Mézidon-Canon, en Normandie. « J’ai appris à cuire le pain toute la journée, notamment l’après-midi et en fin de journée pour contenter la clientèle du soir. Aujourd’hui, c’est devenu fréquent, mais dans les années 1960, nous étions les seuls à le faire dans ce village qui comptait quatre boulangeries », explique Rose-Marie Lefetey. Deux  ans plus tard, le couple Lefetey achète une belle boutique place Fernand Moureaux, à Trouville-Deauville. 

Du bonheur à revendre

Quand Rose-Marie avait décidé quelque chose, elle se donnait tous les moyens pour y arriver. Son dévouement au Centre d’études de la confiserie puis au sein de l’INBP de Rouen est reconnu de plus en plus. « Ses compétences et son dynamisme m’avaient convaincu que c’était la bonne personne à la bonne place, mais je n’imaginais pas combien son action allait dynamiser toute une profession », précise Gérard Brochoire, directeur de l’Institut national de la boulangerie-pâtisserie. Dans les années 1980, Rose-Marie sillonne la France pour donner des conseils de vente, de décoration de vitrines ou simplement un peu de bonheur aux boulangères. Son empathie et sa simplicité réconfortent les interlocutrices les plus démunies face aux difficultés professionnelles et même familiales. Dans chaque entreprise où elle passe, elle dynamise les équipes de vente, et la boulangère devient l’égal de son conjoint ! Pour faire face à la demande de formation, elle forme des jeunes femmes et crée la commission des boulangères au sein de la Confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française. Un concours national de vitrines avec un thème est organisé à chaque Salon Europain. 

Séminaire des boulangères 

Forte de son expérience et de sa représentativité nationale, elle donne la parole à des boulangères en région, et des représentantes sont nommées par département. Une rencontre annuelle a lieu chaque année dans une ville différente. Les séminaires de boulangerie réunissent plus de 220 boulangères. Convivialité, partage et réunion sont au programme afin d’améliorer les ventes en magasin, de savoir utiliser tous les moyens de communication, etc…Treize séminaires nationaux seront un succès. Mais cette réussite fait de l’ombre aux présidents départementaux, et la politique s’en mêle. En 1998, le président de l’époque la convoque et on lui fait comprendre « qu’elle était l’étoile qui faisait de l’ombre au soleil ». En 2001, des problèmes personnels l’achèvent. Mais, rien ne pouvait l’empêcher d’exercer sa passion et de continuer à défendre les femmes. À 82 ans (elle en fait vingt de moins), elle continue de transmettre son savoir-faire et vient de rédiger sa vie de boulangère… 

Contact : 06 08 17 22 72 - rosemarielefetey@orange.fr