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Le jour le plus long, le jour d’après

Publié le 08/06/2020

Selon l’Insee, à la fin de la 2e semaine de confinement, seuls les produits agricoles et agroalimentaires étaient en hausse (6 %). La période que nous venons de vivre a-t-elle modifié durablement notre manière de consommer ? Jean-François Astier

Si nos chiffres d’affaires (ce n’est pas de la marge) annoncent en moyenne un recul de 30 à 40 %, il n’en reste pas moins qu’il se confirme que nos magasins riment avec lien social.

L’e-commerce va progresser 

Si la grande distribution compense la baisse de fréquentation de ses magasins par une utilisation exponentielle de ses drives (500 000 foyers supplémentaires en un mois), les commerces de proximité alimentaires tirent leur épingle du jeu en arrivant en 3e position. Selon une étude Nielsen, du 16 au 22 mars, l’évolution des ventes en valeur donne :

livraison à domicile : + 90,2 %. Même si elles ne sont pas comptabilisées dans ce chiffre, de nouvelles tournées de boulangers ont vu le jour pendant cette période ;

drive : + 74,3 % ;

proximité rurale : + 74,2 % ;

proximité urbaine : + 62,4 %.

Les hypermarchés de 7 500 m2 et plus sont à la traîne avec seulement + 3,3 % ! Si le drive est devenu un lieu d’utilité, nos magasins sont en passe de devenir des lieux de plaisir. En effet, l’expérience client dans le drive n’est pas toujours simple, produit manquant ou en rupture, DLC dépassée, trouver un créneau horaire, etc. On est satisfait ? On le dit à trois personnes. On est insatisfait ? On le dit à dix personnes. Sans compter la caisse de résonance que représentent aujourd’hui les réseaux sociaux. Cependant, nous pouvons affirmer que l’adoption de l’e-commerce va s’accélérer. Certains artisans chocolatiers, par le biais de leur site Internet ou par la prise de commande par téléphone, ont limité la casse pour leurs œufs de Pâques.

Changement de la nature des achats

Après avoir vidé les stocks et notamment ceux du congélateur, certaines tendances de consommation se sont confirmées lors du réassortiment. En effet, à défaut de produits cultivés ou fabriqués localement, les achats se sont portés sur des produits made in France ou faits maison. En filigrane, l’idée de soutenir une ou des filières par des achats mesurés et plus sobres. Dans le numéro de septembre 2018, j’évoquais le bio. Cette période de confinement a confirmé l’intérêt croissant des Français pour les produits bio au détriment des produits conventionnels. Même pour les achats de première nécessité comme le riz, les pâtes, la farine, le bio affiche des progressions insolentes. À titre d’exemple, dans une logique de, c’est moi qui l’ai fait, sur les semaines 12 et 13, la vente de farine bio a progressé de 242 % contre 204 % pour la version conventionnelle. Il y aura toujours ceux qui, malheureusement, invoqueront le Dieu Toukom Avant. Cependant, selon les scientifiques, pour inscrire un changement d’habitude dans la durée, il faut 21 jours.

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