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FARINE

La Meunerie avertit sur la dégradation de sa rentabilité

Une rentabilité parmi les plus faibles du secteur alimentaire : la meunerie française résume ainsi la situation de sa filière, grandement perturbée par le contexte général.
Si l'augmentation des cours du blé a été largement documentée ces derniers mois, ces transformateurs essentiels à la vie de la boulangerie artisanale doivent aujourd'hui faire face à l'explosion des coûts de l'énergie.
Depuis le début du conflit ukrainien, le marché connaît une forte volatilité, particulièrement difficile à gérer pour des entreprises qui peinent à répercuter les hausses auprès de l'utilisateur final. Ainsi, le prix moyen du blé tendre MATIF spot a augmenté de 60% sur le premier semestre 2022 par rapport à celui de 2021... tandis que hausse du prix de vente de la farine se situe à seulement 21% en moyenne, peu importe le segment (boulangerie artisanale ou industrielle, sachets, grande distribution...). Cela entraine mécaniquement une compression de la marge, aujourd'hui renforcée par les problématiques rencontrées sur les autres postes de coût. 

Deux aspects sont particulièrement touchés : la production, pour laquelle l'électricité est utilisée par la quasi-totalité des acteurs, et la livraison, où le gasoil demeure prédominant. Les difficultés dans la filière nucléaire, ayant forcé l'arrêt de nombreux réacteurs, et les prix historiquement élevés du gaz, engendent un niveau de prix historiquement élévé : entre mars 2021 (indice de prix de 134) et mars 2022 (indice de prix de 787), l’indice de prix spot de l’électricité a augmenté de 489%. Le gasoil à la pompe affiche, quant à lui, une hausse de 44% entre juin 2021 et 2022. Cette situation sera aggravée avec le renouvellement des contrats d'électricité arrivant à leur terme, accroissant la pression exercée sur les entreprises.

L'Association Nationale de la Meunerie Française (ANMF) milite depuis plusieurs mois pour une meilleure répartition de la valeur entre les acteurs de la chaine allant du blé au pain, s'appuyant notamment sur le rapport de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires publié par FranceAgriMer. Cette dernière analyse la composition en pourcentage du prix moyen annuel de la baguette de pain courant en matières premières et marge brute, sur l'ensemble des circuits de fabrication et de distribution. La part de la meunerie dans le prix final d’une baguette est évaluée à 3,1% contre 4,3% en 2012, précédent point bas historique... tandis que les marges brutes en boulangerie se sont améliorées, atteignant 88,5% contre 87,2% en 2012.
Une situation qui ne devrait pas durer compte tenu de l'augmentation des coûts de production (masse salariale, énergie, emballages...) subie par l'ensemble de la filière. Dès lors, l'augmentation du prix du pain (et particulièrement de la baguette, largement préservée par l'ensemble des boulangers) mais aussi des prix de farine sont inévitables.
Ces efforts d'accessibilité mis au service des consommateurs ont abouti à une situation où seules 5,2 minutes de travail (au SMIC) sont nécessaires pour payer une baguette... alors qu'il en fallait 10,2 en 1970 ! Il faut donc travailler deux fois moins afin de s'offrir ce produit du quotidien... signe supplémentaire que des actions sont indispensables pour assurer la pérennité d'une filière clé de la souveraineté alimentaire française, au risque de fragiliser encore des entreprises et réduire leur capacité à investir.