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Crise énergétique

Factures, faillites… L’énergie continue d’alimenter les tensions

Publié le 24/05/2023

Factures envoyées avec plusieurs mois de retard, grande opacité sur les calculs, montants ne correspondant pas au contrat souscrit… depuis le début de l’année, malgré les annonces rassurantes des pouvoirs publics, la situation des artisans boulangers-pâtissiers face à la crise énergétique ne s’est pas améliorée.

Bien au contraire : l’attention médiatique qui leur avait été allouée s’est orientée vers les sujets sociaux liés à la réforme des retraites. Dès lors, la détresse de nombreux professionnels a été passée sous silence, ou relayée dans les seuls médias régionaux, avec un bien plus faible impact.

La baisse des cours de l’électricité observée depuis le début de l’année aurait pu profiter à la filière blé-farine-pain, largement touchée par la crise énergétique. En effet, le prix de l’énergie sur le marché de gros (aussi appelé prix « Spot ») culminait à plus de 400 € en décembre dernier… contre 100 à 130 euros au début du printemps.

Pourtant, les factures présentées aux artisans demeurent aussi aléatoires qu’incompréhensibles.

« Les énergéticiens n’ont pas mis les moyens humains pour traiter les demandes et gérer la facturation », nous indiquait Paul Boivin, délégué général de la Fédération des entreprises de boulangerie (FEB), sur les allées du Salon Sandwich & Snack Show : avec la mise en place de l’amortisseur énergétique début 2023, les fournisseurs d’énergie ont reçu des milliers de formulaires et ont dû adapter les factures en conséquence.

Cet afflux de données à traiter est rapidement devenu un engorgement : dès lors, plusieurs milliers d’entreprises n’ont pas reçu de facture depuis trois à quatre mois, les obligeant à naviguer à vue. Alors que la situation s’est débloquée progressivement à partir du mois de mars, le constat est amer pour les professionnels : certains se voient réclamer plusieurs dizaines de milliers d’euros, malgré les promesses rassurantes associées à la mise en place de l’amortisseur électricité.

Des situations qui provoquent l’émotion et développent de nouvelles actions

À Jonchery-sur-Vesle (51), en banlieue rémoise, la boulangerie Pain & Passion se voyait réclamer par TotalEnergies près de 21.300 € pour la fin de l’année 2022, bien loin du montant habituel chiffrant autour de 3.600 euros. La sidération de l’artisan, partagée auprès des clients, a généré un élan de solidarité et de médiatisation : après la mise en place d’une cagnotte en ligne, qui a récolté plus de 2.000 euros, Julie Chiriaef et Jonathan Rigaut ont été recontactés par le fournisseur d’énergie pour leur indiquer que 18.000 euros seraient finalement déduits de la facture initiale.

D’autres artisans n’ont pas eu la même chance. Sur le plateau de la chaîne C8, Roger Ferrer, artisan boulanger à Meaux (77), a décrit la situation de son entreprise, placée en liquidation judiciaire. Cela fait suite à plusieurs années de fragilité, achevées par le coup de massue de l’énergie. Face au désarroi du boulanger, le présentateur Cyril Hanouna et sa société H2O Production se sont rapprochés de l’association de loi 1901 Udabi (Union des artisans boulangers indépendants) pour lancer le « Tradi’don », une cagnotte en ligne visant à aider les professionnels les plus touchés par la situation. La collecte est en cours jusqu’au 29 juin 2023.

Vers la fin du bouclier tarifaire pour les entreprises ? 

C’est une annonce qui pourrait inquiéter des professionnels jusqu’ici épargnés : le bouclier tarifaire s’éteindra à la fin de l’année pour les entreprises, n’étant pas renouvelé jusqu’à début 2025 comme c’est le cas pour les particuliers.

« Aujourd’hui, on a un calendrier qui nous est dicté par l’Europe sur les entreprises, qui nous autorise à mettre en place ce que l’on appelle le guichet jusqu’à fin 2023 », a déclaré le ministre Roland Lescure sur France 3, laissant entrevoir la possibilité d’une évolution sur le sujet d’ici à l’automne.