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féminiser la boulangerie-pâtisserie

Comment mieux féminiser la boulangerie-pâtisserie artisanale pour assurer sa pé

Marie-Christine Aractingi dans sa boutique Dame Farine à Marseille (13). La boulangère a compté parmi les pionnières d’une approche féminine du métier en s’installant dès 2014. Elle a cédé son affaire en 2022, après 8 années au service d’une approche enga

La place de la boulangère est-elle au fournil ou en boutique ? Dans les métiers de production, l’univers est traditionnellement très masculin. Les chiffres des formations en attestent : seuls 5 à 6 % des apprenants d’un CAP boulangerie post-collège étaient des femmes en 2019.Malgré des efforts réalisés par les établissements, les organismes représentatifs et une partie des artisans, l’image du métier demeure rude, physique et peu compatible avec une vie personnelle épanouie… ce qui freine de nombreuses vocations.

Si l’on veut chercher des femmes engagées dans une formation en boulangerie, il faut se tourner vers les cursus pour adultes : elles représentaient 45 % des profils se destinant à un nouveau métier, fait de farine, de beurre et de fermentations, au travers du précieux diplôme obtenu dans un format accéléré (allant de 3 à 6 mois).

Cela signifierait-il que l’on ne peut réellement devenir « boulangère » que dans une seconde partie de sa vie… ou bien que d’importants progrès restent à accomplir afin de prouver toute la pertinence d’une présence féminine dans les fournils.

Transformer les pratiques et l’image du métier

D’autant plus que cette dynamique profite à l’ensemble des collaborateurs d’une entreprise artisanale, y compris masculins : réduire le port de charges lourdes (sacs de farines, plaques de cuisson, bacs de pâte, cuves de pétrin…), organiser la production afin de limiter le travail de nuit et ainsi favoriser un meilleur équilibre entre vie personnelle et professionnelle, vaincre les idées reçues sur la profession, encore souvent vue comme un métier touchant bien plus les mains que la tête…

Il s’agit aussi bien de mener une véritable « opération séduction » auprès des futur.e.s apprenti.e.s que de transformer les pratiques d’un métier où la préservation du corps a longtemps été négligée, tout autant que l’évolution des attentes des nouvelles générations vis-à-vis de leurs employeurs.

Apporter des preuves par l’exemple : des femmes en boulangerie, ça fonctionne !

En capitalisant sur la somme des expériences, c’est une image réaliste et moderne qui peut être transmise… à l’image d’initiatives telles que celle portée par Anne-Edwige Held et Laurent Rosselot-Morel, qui ont fait naître la Maison Ergaster en avril 2022, au cœur de Saint-Péray (07).

Ici, le schéma traditionnel est inversé : monsieur est la vente tandis que madame œuvre au fournil. Après une première vie professionnelle en tant que géologue, Anne-Edwige s’est réorientée avec succès vers la boulangerie.

Grâce à des expériences dans plusieurs entreprises engagées au service d’un pain naturel, réalisé à farines biologiques et de levain (notamment à Marseille au Bar à Pain ainsi que chez les Bonnes Graines), l’artisane est parvenue à bâtir une structure qui lui ressemble : produits locaux, gammes courtes… et pas de baguette ni viennoiserie feuilletée pour conserver une production rationnelle.

Dans une société où les barrières des genres sont profondément questionnées, ce sont les apprentis eux-mêmes qui expriment ce besoin de renouveau… comme si, dans ce processus, la jeunesse avait des leçons pleines de sens à donner à ses aînés.