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AGRICULTURE

Après le blé, le lait comme sujet d'inquiétude

Publié le 26/08/2022 |

Si les céréales ont alimenté les craintes de la filière blé-farine-pain pendant plusieurs semaines et continuent de présenter des incertitudes, ce sont à présent les produits laitiers qui laissent présager des problématiques marquées à court terme. Ces dernières ne sont pas nouvelles et deviennent plus structurelles que conjoncturelles : la disponibilité de la ressource ne cesse de se réduire.

L'épisode de sécheresse observé dans l'ensemble des pays européens cet été aggrave un fait observé de longue date : les volumes de collecte laitière diminuent, du fait de la baisse du nombre d'exploitations. Ce phénomène s'explique de plusieurs manières : la pénibilité du métier décourage une partie des potentiels repreneurs, et la faible valorisation du travail réalisé à la ferme sur les marchés offre des conditions de vie parfois dégradées aux agriculteurs : les prix du lait sont un sujet de tension récurrent.
La baisse de production observée sur les mois de juillet à septembre 2022 devrait être de l'ordre de 15 à 20% : non seulement les températures caniculaires coupent l'appétit des bêtes, mais le fourrage de qualité manque sur l'ensemble du territoire français. L'herbe étant sèche, de nombreux agriculteurs ont déjà entâmé leur stock de fourrage d'hiver. Pire encore, certains vendent des animaux sachant qu'ils ne pourront pas les nourrir, ou par besoin de trésorerie immédiat. La crainte d'une pénurie se profile pour l'automne, avec des impacts directs pour les périodes de fêtes à venir.

Si la balance commerciale de la France sur ce marché reste excédentaire à hauteur de plus de 40 milliards d'euros, avec 40% de la production exportée, ce contexte donne de nouveaux arguments à la filière pour faire entendre sa voix sur le sujet des prix, jugés inadaptés face à la hausse des coûts de production. Le lait est payé en moyenne 420 euros la tonne en France, ce qui en fait l'un des moins chers d'Europe.
Des tarifs qui seront répercutés sur les prix de la crème et du beurre, lesquels ont déjà fortement augmenté ces derniers mois. Pour ces deux produits, les volumes manquent et de nombreux acteurs se sont déjà tournés vers d'autres marchés que la ferme France pour sécuriser leurs approvisionnements. Le caractère durable de la crise pourrait également les inciter à faire des choix de reformulation plus durables, au moins pour une partie de leurs références, avec l'incorporation de matières grasses végétales. 

Avec 50% des producteurs de lait atteignant l'âge de départ à la retraite, la filière a besoin de nouvelles perspectives pour assurer sa rélève... et la souveraineté alimentaire du pays, devenue un enjeu de premier plan.