Reprendre les terres en main, mot d'ordre de Terre de Liens

200 exploitations agricoles cessent leur activité chaque semaine. Ce chiffre alarmant cache deux réalités : l'artificialisation progressive des terres, mais également la concentration des terres agricoles. Cela représente plus de 50 000 hectares de terres agricoles chaque année, avec pour conséquence la disparition de 300 000 emplois dans le secteur en 20 ans. 

Pour autant, cette situation est loin d'être une fatalité. Il peut se traiter en abordant plusieurs thématiques, comme la transmission des fermes ou encore l'installation de nouveaux profils, désireux de réaliser leur "retour à la terre". Des problématiques communes avec la filière artisanale et notamment la boulangerie, où de nombreuses entreprises devront trouver une solution de reprise pour assurer leur pérennité à moyen terme. L'arrivée d'individus en reconversion professionnelle s'observe également depuis plusieurs année, portée par une véritable quête de sens et la prise de conscience d'un ancrage dans des métiers concrets pour trouver un sens à son action.

Un quart des agriculteurs partira à la retraite d'ici 10 ans, emportant avec eux tout un pan de la souveraineté alimentaire du pays si aucune solution de transmission n'est trouvée. Une reprise difficile de par la logique d'agrandissement perpétuel des exploitations, devenue évidente mais posant pourtant de nombreux problèmes à long terme : devenues trop grandes et trop coûteuses à reprendre, ces entreprises peuvent alors être démantelées et contribuent alors à l'agrandissement d'exploitations voisines, ou bien à l'artificialisation des terres.
Si l'enjeu est différent sur le plan de l'aménagement du territoire, la boulangerie connaît une évolution similaire : tandis que les fermes françaises sont passées de 24 à 69 hectares en moyenne sur ces 30 dernières années, les artisans ont suivi la même logique de croissance, avec de nombreuses conséquences dans l'exploitation de leurs affaires et la concentration progressive du métier au sein de réseaux, qu'ils soient régionaux ou nationaux. Qu'il s'agisse d'agriculture ou de pain, le risque à long terme est de perdre du savoir-faire et de confier les clés de l'alimentation à des pays étrangers.

Les difficultés sont aussi nombreuses pour les personnes non issues du milieu agricole, qui représentent 60% des porteurs de projet dans le secteur. De par leurs moyens limités et leur absence d'intégration dans les sphères établies de la profession, leur installation devient un parcours du combattant, allant parfois jusqu'à l'abandon. Là encore, des similitudes peuvent être observées avec la boulangerie artisanale, où l'intégration des reconversions sont parfois difficiles, pouvant provoquer des échecs douloureux et pourtant évitables.

L'association Terre de Liens souhaite aujourd'hui porter un message fort pour reprendre en main ces terres agricoles, avec le soutien de l'acteur Guillaume Canet. Ensemble, ils appellent les citoyens à faire pousser des fermes et à se réapproprier le futur de leur alimentation. En 20 ans, la structure est parvenue à sauver 300 fermes de la disparition. Un premier succès, qui doit aujourd'hui trouver un nouvel élan et accélérer pour répondre aux enjeux environnementaux et sociaux de l'époque. Leur campagne "Ensemble, reprenons la terre en main", s'inscrit dans cette logique, avec des contenus impactants et des témoignages concrets.