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EVENEMENT

A Pantin (93), une Fête du Pain qui casse les codes

Publié le 21/06/2022

Il est des dates qui impliquent des événements immuables, ayant intégré les rangs des traditions au fil des années. La Saint Honoré est de celles-ci : le 16 mai, on célèbre le patron des boulangers... ce qui est, pour beaucoup, l'occasion toute trouvée de fêter le pain et la boulangerie. Des événements sont ainsi organisés à travers la France, dont le plus célèbre reste la Fête du Pain installée sur le Parvis de la Cathédrale Notre-Dame de Paris.


L'espace atelier de panification, où les amateurs et passionnés pouvaient pétrir leur pain à la main avec du levain naturel, sans plastique ni électricité, accompagnés des démonstrateurs des Moulins Bourgeois. La cuisson était ensuite réalisée à l'aide d'un four à bois militaire.

En marge de ces dates, d'autres acteurs inventent à présent leurs propres manières de défendre la filière blé-farine-pain. C'était le cas ce week-end (18 & 19 juin) à Pantin (93), en proche banlieue parisienne, où se tenait la seconde édition de la Fête du Pain organisée par le magazine PAIN PAIN, lancé à l'initiative du spécialiste de l'événementiel Thomas Grunberg.
Ici, pas de concours, de remises de prix ou de références à la boulangerie "traditionnelle" : le propos est de valoriser un pain qui se dit "vivant", rejetant en creux une bonne partie de la filière artisanale française, dont les pratiques ne seraient pas à même de proposer un pain qualitatif et nourrissant. Si l'intention est louable et placée au service de l'amélioration des pratiques du métier, cela n'interroge pas moins sur l'exclusion d'une bonne partie des artisans qui font vivre et transmettent le métier.


Le four à bois militaire prêté par les Moulins Bourgeois

Levain naturel, farines biologiques de petits producteurs, blés dits "paysans", longues fermentations... autant d'ingrédients qui constituaient l'essentiel des recettes et des débats entretenus dans cette ancienne gare de marchandises SNCF dont l'activité a été réorientée depuis 2018. La Cité Fertile n'aura sans doute jamais aussi bien porté son nom : elle a été le centre d'échanges passionnés et... fertiles autour d'un aliment de base, autant au travers de tables rondes que des ateliers de panification ouverts au grand public (en partenariat avec Moulins Bourgeois, sponsor de l'événement). Steven Kaplan, historien mondialement reconnu du pain, était présent le dimanche matin pour partager sa vision de la boulangerie d'hier, d'aujourd'hui et de demain. 


L'intervention de Steven Kaplan

Un marché rassemblait plusieurs artisans parisiens et franciliens, lesquels se démarquent par leur engagement dans la filière : La Rue Palloy (Clichy, 92), Atelier P1 (Paris 18è), Fournil Ephémère (Montreuil, 93), Pains Paris (Paris 20è), Chambelland (Paris 11è), Fermentation Générale (Paris 11è) ... ainsi que des producteurs de farines (Ferme de Montaquoy, Farines du Petit Morin).

Autre originalité de cette fête : son caractère collaboratif et ouvert aux passionnés de panification, avec notamment le troc de levains et un "four ouvert" le matin, permettant à chacun de bénéficier gratuitement de la qualité de cuisson d'un four professionnel. Des aspérités qui ne devraient pas manquer d'inspirer les événements boulangers plus traditionnels.