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Préserver ses marges

Le combat de toute une filière

Publié le 24/10/2022

Face à la forte augmentation des coûts de production pour l’ensemble de la filière blé-farine-pain, chacun de ses acteurs doit faire face à une situation inédite, avec le spectre de la fragilisation, voire de la défaillance pour plusieurs d’entre eux.

Face à la forte augmentation des coûts de production pour l’ensemble de la filière blé-farine-pain, chacun de ses acteurs doit faire face à une situation inédite, avec le spectre de la fragilisation, voire de la défaillance pour plusieurs d’entre eux.

Tout commence dans les champs… Les prix des intrants ont explosé en raison du conflit ukrainien : azote, phosphore et potasse sont devenus des produits très prisés, avec la crainte de pénurie d’offre sur ce marché des fertilisants, du fait de la rareté du gaz, indispensable à leur fabrication. Un rationnement a déjà été mis en place, ce qui pourra avoir des impacts sur les cultures dans les mois à venir, réduisant la qualité et la quantité des récoltes 2023.

La crainte d’un effet ciseau

Agritel estime que le coût moyen de production d’une tonne de blé pourrait atteindre 241 € en 2023, contre 161 € en 2021, alors même que le cours mondial de la fameuse céréale est en repli, du fait de la levée des inquiétudes suite aux récoltes dans l’hémisphère Nord et à la reprise des exportations via la mer Noire.

La crainte d’un effet ciseau se renforce dans ce contexte, si la baisse du prix du blé venait à s’amplifier. De leur côté, les meuniers affichent la même inquiétude, avec une marge nettement dégradée en 2022, en raison de la flambée du prix de l’énergie et du prix élevé des céréales.

Une augmentation inévitable

L’Association nationale de la meunerie française milite depuis plusieurs mois pour une meilleure répartition de la valeur entre les acteurs de la chaîne allant du blé au pain, s’appuyant notamment sur le rapport de l’Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires publié par FranceAgriMer.

Ce dernier analyse la composition en pourcentage du prix moyen annuel de la baguette de pain courant en matières premières et marge brute, sur l’ensemble des circuits de fabrication et de distribution.

La part de la meunerie dans le prix final d’une baguette est évaluée à 3,1 % contre 4,3 % en 2012, précédent point bas historique… tandis que les marges brutes en boulangerie se sont améliorées, atteignant 88,5 % contre 87,2 % en 2012.

Une situation qui ne devrait pas durer compte tenu de l’augmentation des coûts de production (masse salariale, énergie, emballages…) subie par l’ensemble de la filière. Dès lors, l’augmentation du prix du pain (et particulièrement de la baguette, largement préservée par l’ensemble des boulangers) mais aussi de celui de la farine est inévitable.

Ces efforts d’accessibilité mis au service des consommateurs ont abouti à une situation où seules 5,2 minutes de travail (au Smic) sont nécessaires pour payer une baguette, alors qu’il en fallait 10,2 en 1970.

Il faut donc travailler deux fois moins afin de s’offrir ce produit du quotidien… Signe supplémentaire que des actions sont indispensables pour assurer la pérennité d’une filière clé de la souveraineté alimentaire française, au risque de fragiliser encore des entreprises et de réduire leur capacité à investir.