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TRANSPORT

Face aux restrictions de circulation sur la seine pour les JO, les céréaliers expriment leurs inquiétudes

Publié le 18/01/2024 |

Des centaines de millions d'euros de pertes potentielles. Face à l'annonce de possibles restrictions de navigation sur la Seine pendant les Jeux Olympiques (JO) de l'été 2024, la filière céréalière a exprimé son émotion et ses craintes : la période est en effet critique pour ces acteurs incontournables de la chaine alimentaire, qui seront alors en pleine moisson. Concrètement, c'est une fermeture totale de la navigation de la Seine environ sept jours avant la cérémonie d'ouverture des JO, le 26 juillet, qui est pour l'heure annoncée par la préfecture d'Ile-de-France.

Cette première phase a été décidée pour des raisons de sécurité et afin de permettre l'installation des équipements. A cela s'ajouteront des restrictions de circulation du 27 juillet au 8 septembre, soit le dernier jour des épreuves paralympiques : aucun convoi ne pourra emprunter le fleuve de 2h à 11h afin de réaliser les épreuves de nage dans la Seine. Si une fermeture totale sur l'ensemble de la période avait été crainte par les céréaliers, représentés par leur organisation professionnelle Intercéréales, les conséquences auraient été particulièrement dramatiques. Pour la seule coopérative agricole Valfrance, son directeur général Laurent Vittoz a estimé à 26 000 le nombre de camions supplémentaires à placer alors sur les routes pour assurer le transit des grains en cas de blocage du mode fluvial. Une option difficilement envisageable alors que l'accent est mis sur la décarbonation des activités, en plus des difficultés à affréter une telle flotte. De plus, près de 140 000 tonnes de maïs seraient condamnées à la destruction au sein de la structure, représentant un manque à gagner proche de 25 millions d'euros. Pour l'ensemble de la filière, le surcoût estimé s'élevait à 500 millions d'euros, englobant des charges supplémentaires dans les sites de stockage, les silos, le transport ou encore la main d'œuvre.

D'importantes pertes dans les récoltes en perspective

Si cette perspective est écartée, les sept jours de fermeture totale demeurent problématiques alors que les moissons sont toujours plus précoces en raison du changement climatique. Ainsi, les retards pourraient s'accumuler si les récoltes intervenaient dès la fin juillet (ce qui est de plus en plus probable compte tenu du glissement observé ces dernières années), dégradant les conditions de stockage des grains et ouvrant la perspective à d'importantes pertes en cas d'intempéries. Les autres options demeurent difficilement envisageables : le recours au ferroviaire est exclu de par la nécessité de bloquer des sillons un an et demi en avance auprès du gestionnaire de réseau (alors même que les premières discussions avec les pouvoirs publics datent de l'automne dernier), quant au routier, le rapport entre la capacité d'une barge et d'un camion (50 camions sont nécessaires pour déplacer 1500 tonnes de grain) nécessitant alors de mobiliser une flotte très vaste sur une courte période. L'enjeu est de parvenir à atteindre Rouen, qui concentre la moitié des exportations françaises de céréales. Avant de gagner ce port et être chargés pour des destinations telles que l'Afrique ou l'Asie, les grains transitent par des ports situés en amont de la Seine, avant de traverser la capitale par le biais de son fleuve emblématique et de ses nombreux méandres.

Intercéréales tente de défendre une approche intermédiaire, avec deux convois de 20 à 30 péniches pendant la période de fermeture totale. Une idée qui s'oppose, pour l'heure, à une fin de non recevoir de la part de la préfecture l'Ile-de-France. Certains des acteurs de la filière en appellent désormais à Tony Estanguet, président de Paris 2024. Pas sûr que, malgré ses capacités olympiques, le sportif dispose de la souplesse nécessaire pour concilier les impératifs de chacun.