Biocer réaffirme son engagement aux côtés des agriculteurs malgré la conjoncture

Défendre la proximité avec la terre plutôt que des intérêts économiques. Le message passé fin novembre par les adhérents de la coopérative Biocer est clair : consultés au sujet d'un projet de fusion avec groupe normand NatUp, ils sont une majorité (55%) à s'être opposés à la mise en oeuvre du plan préparé par les équipes dirigeantes des deux entités. En bref, hors de question de perdre leur indépendance et de se fondre dans une structure intégrant déjà plus de 1 800 collaborateurs et 7 000 agriculteurs. Face à ces chiffres, les 280 membres de la coopérative pionnière du Bio craignaient une inévitable dilution et un douloureux mélange des genres avec l'univers du conventionnel.

Ce projet n'est pas le fruit du hasard : non seulement NatUp souhaitait se doter une division Bio, mais Biocer est directement impactée par le retournement du marché de l'Agriculture Biologique. A Marcilly-la-Campagne (Eure, 27), la structure avait investi en 2018 dans un outil de mouture flambant neuf, dimensionné pour écraser des volumes importants compte tenu de la trajectoire espérée à l'époque. Or, c'est à présent un effet ciseau qui se dessine : les charges fixes sont très élevées et l'équipement est sous-exploité compte tenu de la chute des débouchés. De quoi convaincre 45% des coopérateurs à se ranger du côté du projet de fusion, ce qui représente désormais autant de déçus pouvant être amenés à quitter la structure à la prochaine échéance de leur adhésion. 

Malgré ce contexte défavorable, Biocer croit en l'avenir de son approche, où la diversité de l'offre et des possibilités de culture, associés à un cahier des charges strict, offrent à la fois liberté et encadrement aux agriculteurs. La structure a récemment lancé une cagnotte Leetchi visant à fédérer des internautes sensibles aux valeurs et aux engagements de la coopérative, avec la garantie que "l'intégralité des dons collectés sera intégralement reversée aux adhérents afin de mieux valoriser leurs récoltes". Au delà de cette collecte, ce sont des investisseurs qui sont recherchés pour prendre part à l'aventure et ainsi participer à donner une nouvelle image de la Bio, souvent considérée comme trop chère et manquant de profondeurs sur ses engagements ou ses bienfaits pour les hommes autant que pour la planète. En misant sur des semences de qualité, des farines produites sur meule de pierre, des filières locales, le commerce équitable ainsi qu'un cadre démocratique dans lequel chaque individu est acteur des décisions de sa coopérative, Biocer tente de prouver le contraire depuis 1988. Charge à ses coopérateurs et dirigeants de continuer à le faire avec succès dans les prochaines années.