Stéphane Lacroix, Président de la CSLF

Le prix de la levure du boulanger serait fortement menacé par le développement des biocarburants. Explications du Président de la Chambre Syndicale de la Levure Française.

Pourquoi la filière levure s’inquiète-t-elle de la hausse des prix des co-produits du sucre ?

Eléments essentiels dans la fabrication de la levure, les coproduits du sucre (substrats sucrées) sont de plus en plus utilisés pour la production de bioéthanol. En quelques années, leur prix d’achat a très fortement augmenté en France. Son utilisation non alimentaire bloque le développement du secteur de la levure, qui doit déjà importer aujourd’hui plus d’un tiers de ses besoins en coproduits de sucre.

Que s’est-il passé pendant la crise sanitaire ?  

Elle a révélé la valeur de cette ressource essentielle. Sans levure, plus de pain dans les boulangeries, ni de vin, ni de bière…Aujourd’hui, la France est le premier producteur mondial de levure et le développement des biocarburants pourrait bloquer le développement en France/sur le territoire mettre en péril d'un des derniers fleurons de notre pays. Sachez que pendant la crise, les levuriers ont augmenté leurs capacités de production afin de répondre à la forte hausse de demande de levure, notamment des consommateurs qui ont redécouvert le goût de faire leur pain à domicile.

Que demande la CSFL au gouvernement ?

Dans la prochaine loi de Finances à l’étude, la filière demande le soutien des pouvoirs publics pour garantir ses approvisionnements en France de coproduits du sucre à partir de betteraves françaises. Depuis 2 ans, le prix de la levure a augmenté chez les artisans boulangers mais cette hausse entre actuellement très faiblement dans le prix du pain ou de la baguette. Le développement du bioéthanol comme carburant ne doit pas se faire au détriment de l’alimentation humaine. Alors qu’un plan de relance se prépare, il est capital de préserver nos ressources stratégiques afin de garantir une alimentation saine et tracée aux Français.